De notre correspondant en direct-live du passé, Tonio Lagoule.
Aussi surprenant que cela puisse paraitre à
nos amis jeunes et/ou non-comprenants, il existait des ordinateurs bien avant le couple PC-Windows, et on
arrivait même à faire de la création multimédia (musique et graphisme) avant Sainte-Playstation ! Et ces machines formidables avaient des noms qui font rêver encore aujourd'hui toute une génération de vieux cons : Amstrad CPC, Commodore 64, Atari ST et autres Amiga.
C'était une époque, les 80's, et quelle époque ! Le moyen-âge de l'informatique personnelle. On stockait les jeux et les programmes sur des cassettes ou des disquettes, les processeurs étaient bien moins puissants qu'une calculette d'aujourd'hui, la mémoire vive se comptait en kilo-octets et nos modems atteignaient la vitesse asthmatique de 33 Km/h. Le tout coûtait deux salaires de boulots d'été (ou le PEA de Papa-Maman).
Tout cela est à présent oublié, en ces années folles où le moindre téléphone portable permet d'emmerder son prochain à tout moment où qu'il se trouve en le polluant d'un son de merde, d'un texte débile ou d'une vidéo à la con.
Alors il vient un temps, quand la nostalgie lui saisit l'esprit et le coeur, où l'Homme moderne éprouve le besoin de revivre un peu de son enfance perdue. Jadis il suffisait de déguster une simple madeleine, de nos jours le processus est plus complexe : il faut ressortir le vieux matos poussiéreux qui traîne dans le grenier des parents depuis 1995, chercher les disquettes en espérant que l'épaisse couche de moisi les recouvrant disparaîtra d'un coup de chiffon, remonter le vieux moniteur 14 pouces qu'on avait délicatement jeté à la cave, sans prêter attention à la fissure inquiétante qui parcoure sa coque.
Le moment de l'allumage est particulièrement émouvant. Soit la machine meurt instantanément dans un gargouillis de plastique fondu, de fumée blanchâtre et d'odeur de poils de souris grillés, soit l'écran vacille avant d'afficher sans broncher un sympathique message d'accueil de type "Insert System Disk". Le proprio peut alors exécuter une petite dance de joie à la gloire de sa Divinité en poussant des piaillements ridicules. Il exulte.
On peut aussi sortir la grosse artillerie : allumer son ordinateur flambant neuf (quadriCore bicéphale 5 Ghz overcloacké, carte graphique qui coûte le prix d'un voyage en Yacht Bolloré, écran géant qui occupe tout un pan de mur et système sonore 4000 Watts en 7.42), pour installer un bête émulateur. C'est moins fun mais assurément plus efficace (encore que...).
Ce récit va tenter de suivre les tribulations de votre serviteur, humble possesseur de quelques unes des vieilleries déjà citées, qui n'a que ça à foutre de ses journées quand il ne travaille pas (ou, plus précisément, quand il ne fait pas croire à ses supérieurs qu'il travaille). On s'attachera à décrire pas à pas les manœuvres nécessaires à la résurrection d'un des plus merveilleux engin créé par l'être humain dans le but de perdre son temps : l'Amiga (1200 de son petit nom).
Le lecteur (ou, soyons fous, la lectrice) évitera ainsi la longue et pénible route pour quitter l'Enfer (The long hard road out of Hell) traversée par l'auteur pour amasser les connaissances impies, franchir les odieux chausse-trapes et sortir victorieux de ce combat épique contre la modernité. Bref, destination directe pour la gloire. Occasionnant, on l'espère, une demie-molle pour les garçons ou une légère humectation pour les filles.
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