Le pouvoir de
la volonté
Xenogears...
Que de souvenirs sur ce (déjà) vieux titre de la PlayStation 1.
Je me souviens de ce jeu avant tout pour son scénario complexe qui entraînait
le joueur dans un délire métaphysico-manga rempli de rebondissements
et aussi pour son système de combat qui mêlait dans un univers
futuriste combats d'art martiaux, magie et gros goldoraks (encore désolé
chers fans de japanimation mais ma culture manga s'arrête là ;-).
Pour cette suite sur PS2, Squaresoft passe la main à un studio plus ou
moins "externe" de Namco, mais qu'on se rassure le savoir-faire des
maîtres du RPG est (presque) entièrement présent dans ce
Xenosaga.
Où nous entraîne-t-il cette fois-ci ? Les auteurs japonais, toujours
prompts à trouver des sources d'inspiration très éclectiques,
sont allés piocher le point de départ de leur aventure chez le
gigantesque cinéaste Kubrick. En effet la séquence d'intro nous
montre un mystérieux monolithe nommé Zohar, découvert lors
de fouilles archéologiques, qui va bouleverser l'humanité et être
au centre de l'intrigue de cet Episode 1. Mais ce démarrage à
la "2001 : A Space Odyssey" va bien vite se concentrer sur la lutte
entre les hommes et les "Gnosis", sorte de fantômes cauchemardesques
sortis de "Final Fantasy" le film. On retrouvera donc avec un certain
plaisir les robots géants (ici les AGWS pour Anti-Gnosis Weapon System)
pilotés par nos amis militaires, mais aussi de nouveaux venus en la personne
de cyborgs ultra perfectionnés. Les uns sont des machines ayant un comportement
(presque) humain, les autres sont des humains tellement modifiés qu'ils
en deviennent des machines (ah, on les voit venir les scénaristes !).
Evidemment, et pour le plaisir des yeux, le cyborg ultime dans Xenosaga prend
la forme d'une super-meuf nommée KOS-MOS, aux mensurations de rêve
(enfin de rêve de fans de BD Japonaise ;-) cachant 3 lance-roquettes et
4 bombes à neutron sous son porte-jarretelles... Coté cyborg on
trouvera aussi une innocente "petite fille" aux cheveux bleus qui
peut arrêter une armée de Gears d'un claquement de doigts (autre
fantasme chez l'amateur de japanime ;-). Bon, c'est sûr, ça a une
autre gueule qu'un B-52 ! Et les "vrais" humains dans tout ça
? Ils essaient de survivre et de comprendre ce qui leur arrive... Nous débutons
l'aventure auprès de Shion, la jeune scientifique responsable de la création
de KOS-MOS censée bouter les Gnosis hors de l'espace. Les Gnosis ne tarderont
pas à attaquer le vaisseau spatial militaire sur lequel Shion et KOS-MOS
se trouve pour y dérober le fameux monolithe Zohar. Bref ce sera peut-être
grâce au "pouvoir de la volonté" de l'humanité,
traduction approximative du sous-titre allemand du jeu, que l'ennemi sera vaincu
et la vérité découverte. Pourquoi des auteurs japonais
sont allés chercher un titre en allemand pour leur jeu ? Ma seule réponse
pour le moment est qu'ils doivent fumer une moquette d'excellente qualité...
;-)
Comme au cinéma...
...Enfin
comme dans une vieille série B de science-fiction. Les cinématiques,
créées pour une large majorité avec l'excellent moteur
3D du jeu, sont (très) nombreuses, à l'instar des précurseurs
Final Fantasy X ou Metal Gear Solid 2. FFX nous émerveillait de ses images
de synthèse grandissimes sur une histoire convenue et MGS2 déroulait
un scénario improbable, embrouillé et donneur de leçon,
Xenosaga a le mérite de faire profil bas, avec une histoire simple (pour
un scénar japonais) malgré l'habituelle pléthore de personnages
présents après une dizaine d'heures de jeu. Tous les persos parlent
lors des cinématiques, et croyez-moi ils ont plein de choses à
dire ;-) La version US propose un doublage satisfaisant, si on veut bien pardonner
la synchronisation approximative (certaines phrases en japonais doivent faire
3Km de long et sont traduites en 2 mot en anglais ;-). Notez au passage que
tous les dialogues sont sous-titrés. Les amourettes cul-cul la praline
style "Hélène et les garçons" sont malheureusement
de mise, avec un pitoyable sous-fifre qui n'ose pas déclarer sa flamme
à sa chef Shion... Bref les plus de 14 ans passeront bien vite sur ses
détails pour voir ce que le jeu à dans le bide.
Comme je l'ai dit, les graphismes 3D sont tout à fait excellents, situés
tout juste un cran en dessous des deux incontournables déjà cités
précédemment. On notera quelques imperfections dans les animations
lors des déplacements des persos (en clair, on dirait qu'ils ont tous
un balai quelque part...). Mais par rapport aux RPG récents en version
US, Suikoden III par exemple, Xenosaga gagne haut la main le concours de beauté
! Les images de synthèse sont peu nombreuses et un peu décevantes,
notamment sur les scènes où on voit le vide intersidéral,
mais les effets spéciaux rattrapent largement ses petits défauts
(superbes explosions et effets lumineux par exemple).
Outre les cinématiques, le jeu est décomposé en 2 phases
distinctes. On a tout d'abord le mode "Quest", c'est-à-dire
l'exploration qui fait progresser l'aventure, et les "Combats", partie
indispensable dans tout RPG qui se respecte. A noter qu'il n'y a pas de combat
aléatoire dans XS1, puisque tous les ennemis sont visibles à l'écran.
En mode quête vous pourrez explorer les décors, parler avec les
protagonistes et tenter de découvrir les passages secrets. Et oui, vous
avez la possibilité de détruire certains éléments
pour trouver des bonus et des chemins cachés. Les personnages sont comme
à l'accoutumée définis par plusieurs caractéristiques
: Points de vie, d'Ether (la magie quoi), de Force, de Dextérité,
etc... On retrouve grosso-modo les même attributs pour les robots (les
fameux AGWS), avec en plus les armes de destruction massive type lance-missiles
ou gros guns ;-). Comme c'était le cas pour son aïeul, l'episode
1 fait la part belle à la chasse à l'équipement ultime.
Mawashi dans la
face, Missile dans le bide...
Les
combats dans Xenosaga sont variés, grâce à la présence
des 3 différents styles que sont les arts martiaux, la magie et les robots
surarmés. Il faudra spécialiser chaque personnage dans certaines
compétences pour équilibrer son équipe de 3 membres, comme
d'habitude dans les RPG (un pour les soins, 2 pour l'attaque). Le système
du tour par tour est complété par des points d'action (A.P.) que
vos personnages dépenseront en attaquant, en utilisant un objet, etc.
A la base un personnage gagne 4 A.P. à chaque début de tour, sachant
que pour accéder aux attaques spéciales il vous faut 6 A.P., vous
constatez qu'il faudra bien planifier vos mouvements pour être efficace
en combat. Après une dizaine d'heures de jeu on peut commencer à
dépenser les points d'expérience durement acquis dans 3 catégories
: les fameuses attaques spéciales ("Tech Attacks" à
upgrader pour faire plus de dégâts et dépenser moins d'A.P.
par exemple), les sorts magiques ("Evolving Ethers" pour augmenter
la puissance du sort d'attaque ou de protection ou gagner de nouveau types de
sorts) et apprendre des compétences à partir d'objets ("Extracting
Skills" pour gagner de nouveaux Sorts ou attaques physiques). Certaines
compétences sont uniques pour un perso donné et ne s'activent
que sous des conditions bien précises, comme par exemple le Sort de protection
de Ziggy le cyborg qui ne fonctionne que si la petite androïde "Momo"
est située derrière lui en combat ! La position sur le champ de
bataille est donc prise en compte, sur une "grille" de 6 positions
(3 devant, 3 derrière), avec tout ce que cela implique en terme de dégâts
donnés et reçus suivant le type d'arme employé et le niveau
de protection de la victime. Bref les stratèges vont se faire des noeuds
au cerveau ;-) La mise en scène des batailles est un régal pour
les yeux et les oreilles. Chaque coup porté fait l'objet d'effets spéciaux,
du plus petit coup de poing au bombardement intensif. Une mention toute particulière
aux différentes attitudes adoptées pendant et après l'affrontement
par les protagonistes, le "motion-capture" est parfait. On conclura
ce chapitre guerrier sur les classiques "status effects", nos sympathiques
amies les modifications de statut que sont "Sleep", "Poison",
"Silence" et autre "Slow" et que les ennemis maîtrisent
sur le bout des doigts...
Le lapin de l'U.M.N.
Que
serait un RPG japonais sans ses mini-jeux à la con ? réponse :
pas drôle ;-) L'Unus Mundus Network, alias le réseau internet du
futur dans Xenosaga, va fournir le joueur en mal de mini-quêtes et autres
fantaisies burlesques dont les auteurs japonais ont le secret. Ici je dois dire
que tous les records sont battus : non seulement vous avez droit à un
système de messagerie aussi performant que dans le vieux Front Mission
3 (sur PS1, de Squaresoft of course) avec une aide en ligne sur tous les termes
du jeu (une grosse base de données quoi, mais présentée
par un lapin géant ;-), mais vous avez aussi accès à un
simulateur de combat (l'EVS), à un jeu de carte vraiment complet et beaucoup
plus poussé que les précédentes tentatives de Square dans
les FF (du style Starwars le jeu de cartes à collectionner), à
des jeux de casino (Poker, bandit manchot...), ou encore à des jeux d'adresse
(comme le "Drill game", vous savez le jeu avec la pince qui attrape
des bonus ;-). Le joueur accéde à ces mini-games par l'intermédiaire
de "passeports" qu'il devra trouver pendant ses explorations. On peut
donc affirmer que Namco a prévu de quoi allonger la durée de vie
de son produit sans pour autant réserver ce plaisir à une élite
de hardcore gamers, comme c'était un peu le cas dans le dernier Final
Fantasy X par exemple, et sans avoir besoin de finir le jeu une fois pour débloquer
des bonus, comme le regrettable Metal Gear Solid 2 ! Voila une bonne attitude
qu'on aimerait voir se développer à l'avenir chez les autres éditeurs
;-)
Xenosaga partait avec un handicap à mes yeux, son "changement de
propriétaire" de Square vers Namco, mais la surprise est totale...
et bonne ! Certes il manque la dimension dantesque des images de synthèse
made in Square, inégalable par son savoir-faire et ses moyens techniques.
Mais cela ne constitut pas la base d'un bon jeu évidemment. On peut dire
que malgré ses excès en matière de cinématiques
parfois longues et "lourdes", ce Xenosaga premier épisode est
sans consteste le meilleur RPG en provenance des US en ce début d'année.
Plus aboutit techniquement qu'un Suikoden III ou qu'un Wild Arms 3, son seul
tort est de n'être disponible qu'en version U.S. (et pas de date de sortie
prévue pour l'Europe à l'heure où j'écris ses lignes).
Il y a fort à parier que plus de 50 heures de jeu seront nécessaire
pour en voir le bout, Xenosaga est donc un excellent investissement pour l'affamé
de RPG qui sommeille en vous ;-)
Jeu fini :
J'ai toujours ce sentiment mitigé concernant Xenosaga Ep1... Les personnages
manquent un peu de fantasie (et on ne nous épargne aucun cliché).
Le scénario, qui rappelons-le doit s'étirer sur une dizaine d'épisodes,
est déjà d'une complexité mortelle pour le simple amateur.
Enfin les cinématiques sont en dessous du standard auquel Squaresoft
nous avait habitué. Mais dans les bonnes surprises je note un excellent
système de combat, avec de vraies difficultés qui nécessite
de l'astuce et non pas des gros bras. Certains objets ou sorts se révèlent
indispensable face à certains boss ! Du coté des quêtes
secondaires il y a de quoi faire : la chasse aux portes cachées, elles-mêmes
nécessitant de trouver la clé adéquate, vous ménera
à la construction d'un super-robot ! Ce premier épisode se termine
à la manière des films d'action hollywoodiens, avec un solide
"cliffhanger" pour encourager le joueur à aller voir la suite
;-) En 46 heures de jeu, je pense avoir vu environ 5 heures de cinématique
et autant en petits jeux divers (le jeu de carte, le casino, etc...). On peut
donc dire que la durée de vie est dans la bonne moyenne, sans atteindre
les sommets de Xenogears sur PS1. Espérons que la seconde moitié
de l'année 2003 sera un peu moins "molle" que la première
partie.