Le petit
millésime de 2002...
Il
faut bien l'avouer, la PS2 est bien mal lotie coté RPG pour le moment (avant la
déferlante annoncée aux USA pour 2003, notamment Squaresoft avec FFX-2,
Unlimited SaGa et Xenosaga et Enix avec Star Ocean III et Dragon Quest VIII).
Mis à part Final Fantasy X en début d'année et quelques ersatz peu convaincants,
rien de sérieux à se mettre sous le dent pour l'amateur de Jeux de Rôle nippons
sur la console de Sony. On peut imaginer que c'est en partie dû au temps de
développement plus long pour un RPG que pour un simple jeu d'action.
Heureusement certains éditeurs pensent quand même à nous pour cette période de
fête, Konami en particulier avec le 3e épisode de sa célèbre série Suikoden.
Après avoir bien établi le titre sur PS1 avec deux opus (le premier m'avait bien
plu à l'époque, le second m'était passé sous le nez pour cause de jeux plus
costauds à la même période), les auteurs ont choisi de continuer la saga sous la
puissance de feu de la PlayStation seconde génération, et je vous propose donc
un test de la version USA de ce jeu.
Arrêtons-nous quelques instants sur le scénario du jeu, qui comme à l'accoutumé
nous propose de suivre les bouleversements politiques et militaires d'un pays d'heroic-fantasy
de type médiéval. Avec le 3e opus nous nous penchons sur la région de "Grassland", 15 ans après les faits relatés dans Suikoden II.
Ce territoire, où cohabitent plus ou moins pacifiquement 6 clans (des humains,
des lézards, des canards, hmm hmm...), est coincé entre l'empire d'Harmonia et
une nation de marchands nommée Zexen. Le
système nommé un peu pompeusement "Trinity Sight System" va permettre au joueur
de suivre la même aventure suivant trois points de vue différents, en passant de
l'un à l'autre comme bon vous semble à la fin de chaque chapitre. On pourra donc
contrôler les réactions de Chris, la jeune chef des Chevaliers de Zexen, de
Geddoe, un mercenaire d'Harmonian, et d'Hugo, enfant des tribus des plaines des
Grasslands, face aux événements dramatiques qui vont secouer ce monde tourmenté
par l'honneur, la trahison et la passion (on se croirait dans "Les feux de
l'amour ;-). Un joueur un peu pressé
pourra enchaîner tous les chapitres d'un unique personnage et arriver à la fin
du jeu mais n'aura alors qu'une vision partielle du scénario. Il lui manquera
certaines explications cruciales et surtout il ne pourra pas recruter les 108
héros qui ont fait la réputation du jeu auprès des fans et faire vivre le
château, vénérable institution de la dynastie des Suikoden.
108 persos !
La
mythologie chinoise nous apprend qu'il existe 108 "étoiles de la destinée",
soit 36 héros provenant du ciel et 72 de la terre. Suikoden reprend à son compte
cette légende et le joueur un peu hardcore mettra un point d'honneur à récupérer
tous ses personnages au fil des explorations et des conversations. Le concept
du "château" est lui aussi de retour, puisque chacun des "héros"
trouvera sa place dans le magnifique castel que vous acquérrez après une dizaine
d'heures de jeu. Et si certaines "étoiles" joindront votre cause sans
poser de questions, d'autres devront être "achetées" ou vous poseront
leurs conditions pour vous accompagner ! Cela donnera lieu à quelques mini-jeux
sympatoches ;-) D'ailleurs la gestion du château fera l'objet d'un récit entier
au sein du "Trinity Sight System", ajoutant un 4ème personnage, Thomas,
dont vous pourrez suivre les pérégrinations dans sa quête de nouvelles "étoiles"
héroïques pour compléter son manoir. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprise
puisqu'il existe encore 2 emplacements "libres" dans le TSS indiquant
que 2 autres persos deviendront disponibles dans l'aventure. Sachant que chaque
chapitre occupe plusieurs heures (de 2 à 5 suivant vos envies d'exploration)
et qu'il doit exister 5 chapitres en tout, on arrive à environ 20 heures par
personnage, ce qui fait largement plus de 100 heures de jeu en tout !
C'est la principale force (ou faiblesse) de ce Suikoden III, puisque cette abondance
de personnages, croisé avec un scénario découpé en une multitude de points de
vue, fait que le joueur aura intérêt à suivre de près l'histoire s'il ne veut
pas être largué. Il arrive souvent d'ailleurs qu'au début d'un nouveau chapitre
je sois quelque peu désorienté et tourne un peu en rond avant de retrouver le
fil de l'histoire. D'autant plus que contrairement à d'autres éditeurs comme
Squaresoft, le chemin n'est pas balisé avec des gros panneaux indicateurs style
"Suite de l'Aventure par ici" ;-) Parfois il faudra parler à LA bonne
personne dans LA bonne ville (ou simplement dormir !) pour enclencher les événements
qui feront avancer le scénario, et le joueur un peu distrait pourra perdre une
bonne heure à chercher en vain.
La
carte du monde vous permet de vous déplacer de village en village, sur des chemins
pré-établis (pas question de vous balader où vous voulez, même principe que
dans FFX). C'est dans les villages et les châteaux que vous ferez progresser
l'aventure, mais aussi et surtout que vous ferez vos emplettes. Les éternelles
Tavernes et autres "Inns" vous permettront de gagner un repos bien
mérité (et de sauvegarder au passage), les boutiques vous vendront objets de
soins, équipements et Runes magiques, les forgerons amélioreront vos armes et
les "négociants" donneront une bonne occasion aux commerciaux en herbe
d'exercer leur talent (acheter des biens à bas prix dans une ville pour les
revendre le double à l'autre bout de la carte). Les points de compétence durement
acquis lors des combats pourront être dépensé dans les Centres d'entraînement
pour améliorer vos personnages. Il existe 3 grands types de Compétences : Physiques
(attaque et défense), Magiques et Support. Chaque perso aura plus ou moins d'affinité
avec telle ou telle compétence suivant son métier (un archer sera évidemment
plus doué dans la compétence "Sharpshoot", dégâts à longue distance,
que dans "Parry", parer un coup). Ces compétences seront notées de
E (nul) à A (excellent) et vous devrez dépenser plus ou moins de points suivant
votre affinité pour augmenter votre niveau.
Duels, Combats
et Wargames
Les
combats ont fait l'objet d'un traitement particulier, et il faut dire que les
choix effectués par les auteurs me laisse un peu perplexe. Il existe 3 type
d'affrontements : le combat "classique" avec d'un coté votre groupe pouvant
contenir jusqu'à 6 persos et de l'autre la troupe ennemie, le Duel, qui comme
son nom l'indique oppose 2 combattants, et la Bataille entre armées, une sorte
de wargame très simplifié. Dans les combats normaux, s'activant aléatoirement
lorsque vous vous déplacez entre les villes, vos
persos fonctionnent par paire, au tour par tour. Une paire de combattants ne pourra en aucun cas
utiliser ses objets de soins sur une autre paire ! De même lorsque vous
choisissez un sort ou une attaque spéciale pour un des persos d'une paire, son
compagnon est condamné à effectuer une attaque physique de base. Voila de bien
étranges limitations non ?! Comme dans les Suikoden précédents, il vous sera
possible d'associer 2 ou plusieurs combattants pour réaliser une attaque groupée
dévastatrice. Les Sorts sont accessibles grâce aux compétences magiques et aux
Runes. En achetant des Runes classées selon les traditionnels éléments (Feu,
Eau, etc.) et en les associant à vos persos, ceux-ci pourront suivant leur
niveau de compétence utiliser la magie en combat. Attention cependant car les
sorts puissants peuvent prendre plusieurs tours pour être exécutés, ce qui
bloque le perso pendant ce temps.
Les Duels font penser à une partie de pierre-papier-ciseaux : vous avez en effet
le choix entre attaque, défense ou botte secrète, mais sans savoir ce que
prépare l'adversaire. Bref, c'est gentil. Terminons
par le wargame allégé. Ici vous pourrez déplacer vos troupes sur une carte, avec
une partie stratégique simplifiée. L'intérêt est malheureusement assez limité
puisque mise à part la possibilité de mettre des troupes en soutien et
d'utiliser les compétences de support, les tactiques d'attaques propres aux
wargames sont quasi-inexistantes. Enfin la bonne nouvelle est que la présence de ses modes de combat variés
casse un peu la monotonie du sempiternel leveling-boss-trésor.
Une réalisation
technique "old shool"
Il
faut bien l'avouer, Konami ne bénéficie sans doute pas de graphistes et de programmeurs
du niveau de Square ou d'Enix. Et ça se voit... Techniquement parlant Suikoden
III se situe dans la bonne moyenne, mais de nombreux détails nous prouvent que
le chemin reste long pour atteindre le standard établi par Final Fantasy X en
début d'année. Les personnages et les décors sont en 3D intégrale, mais bien
moins détaillée que dans FFX, et c'est particulièrement vrai pour les visages
et les effets spéciaux en combat. Heureusement, PlayStation 2 oblige dirais-je,
le nombre démesuré de persos n'entraîne pas de confusion chez le joueur : tout
est suffisamment clair sur l'écran pour qu'on s'y retrouve et les différentes
tribus sont facilement reconnaissable.
Cependant, pas de séquences en synthèse qui arrachent les yeux. La cinématique
d'intro est une japanimation (que seuls les amateurs sauront apprécier je pense
;-) et ensuite toutes les scènes non-jouables se déroulent avec le moteur 3D
du jeu. Coté sonore ce n'est pas mieux, aucun dialogue parlé (dommage de ne
pas profiter du passage au DVD pour ajouter des voix Mr Konami) et des musiques
gentillettes niveau PS1. On pourra trouver une excuse aux auteurs en se disant
que la quantité est au moins au rendez-vous ;-)
Un autre point important du jeu est le parti pris des auteurs de ne mettre aucun
tutorial dans le jeu. Seules quelques annotations succinctes viendront aider
le joueur débutant qui sera assurément un peu perdu lors des premières heures
de jeu. Plus que jamais une lecture attentive de la doc est nécessaire; surtout
pour comprendre le mécanisme des Runes et des affinités dans les compétences.
Mon impression sur Suikoden III est mitigée. D'un coté je me dis que c'est le
seul jeu valable dans la catégorie RPG pour cette fin d'année 2002 (avec peut-être
Wild Arms 3), je me dis aussi que c'est un jeu profond qui s'apprécie sur le
long terme (avec un scénario compliqué et donc une durée de vie plus que conséquente).
D'un autre coté je reste perplexe devant certains choix dans les systèmes de
combat et surtout la qualité graphique tout juste à la moyenne. Mais finalement
c'est quand même un jeu à recommander aux amateurs de RPG, avec suffisamment
d'exploration, de bonus, de quêtes secondaires, d'aventure et d'action pour
s'occuper jusqu'à l'arrivée des mastodontes dans quelques mois...
Jeu fini :
Pas de problème, Suikoden III rempli parfaitement son rôle de RPG
old school ! Avec plus de 60 heures de jeu et encore une vingtaine de persos
cachés, Konami m'en a donné pour mon argent ;-) Il faudra un petit
temps d'adaptation, comme je l'avais dit dans le test, pour s'habituer au système
de Magie (avec les runes associées) et de Compétences, le point
clé pour vaincre les gros boss. Le secret réside dans la formation
de groupes équilibrés (et avec 108 persos au compteur, on peut
dire que tout le monde trouvera ses favoris). Le découpage de l'histoire
en 3 points de vue différents (ce qui donne 3 histoires parallèles
lors des 4 premiers chapitres du jeu) est finalement tout à fait supportable,
même si parfois en loupant une réplique d'un perso on peut errer
sans savoir ce qui déclenchera la suite du scénario ! Des bonus
semblent apparaitre si on arrive à collecter plus de 104 persos, je pense
qu'il est bon de faire un effort pour les trouver et donc j'y retourne de suite
;-)