Yuki in the Sky (with diamonds ?)
Le
jeune Yuki n'a pas de chance dans la vie. Non seulement il a un prénom
de chien mais en plus ses exploits de pilote d'avion sont loin d'égaler
ceux de son idole, l'incroyable Schmidt. Cela empêche pas notre jeune
ado de persévérer, son unique obsession est de construire un aéroplane
pour quitter son village d'Anfog coincé sur une petite île perdue
au milieu de nulle part. Son désir le plus ardent est de parcourir le
vaste monde, et non pas de trouver du biactole et une petite copine comme la
plupart de ses camarades. Ah ! merveilleux idéalisme japonais ;-) Lorsque
le jour fatidique du décollage arrive notre trublion se heurte rapidement
aux dures lois de la réalité : celle de l'apesanteur qui fait
plonger dangereusement son coucou vers le sol et celle de la famille puisque
sa mère s'est glissé subrepticement à l'arrière
du cockpit pour surveiller son bambin ! Est-ce le hasard ou le destin, toujours
est-il qu'en évitant de justesse le crash fatal Yuki et sa maman Miranda
sauve involontairement la prêtresse Alfina des griffes de ses poursuivants.
Mais pourquoi ? pour qui ? il était où le gentil p'tit youki ?
;-)
Voila donc comment débute ce Grandia III. On notera que pour une fois
on ne nous fait pas le coup de l'amnésique en quête de son passé
mais plutôt d'un garçon partant à l'aventure, tourné
vers le futur et les autres, voila qui est rafraîchissant. Grandia est
une saga que je ne connaissais que vaguement, l'ayant approché quelques
heures lors d'un épisode sorti sur PS1 il y a 5 ou 6 ans, j'avais bien
vite abandonné l'affaire car il y avait moult jeux autrement plus passionnants
à l'époque sur la petite Playstation. Aujourd'hui le troisième
numéro sur PS2 sonne le début de la longue charge en provenance
des USA des RPG de la mort pour cette année bénie de 2006.
C'est le studio Game Arts qui a développé le jeu sous l'égide
de Square Enix, gage de qualité s'il en est. Dès l'introduction
en images de synthèse, on sent que l'ambition des auteurs est grande,
une épopée rythmée nous attend sur pas moins de deux DVD.
G3 est d'abord un choc visuel, puisque les graphismes entièrement en
3D sont de toute beauté. Personnages colorés et assez détaillés
(sauf les visages, les productions purement "Square" gardant toujours
un brin d'avance dans ce domaine) et décors plein d'animations sympatoches
(feuilles des arbres qui virevoltent, jeux de lumière entre nuages et
soleil). On passe un peu de temps à admirer les alentours en faisant
tourner la caméra à 360°, tel un Claude Lelouche amateur.
Les bruitages et les voix anglaises sont d'un niveau correct, notons que les
scènes cinématiques ne sont pas sous-titrées et qu'aucune
option ne l'autorise. La musique quant à elle varie de l'agréable
au légèrement crispant, sauf pour celles et ceux qui supportent
le style japonais (pop et ballades mielleuses).
Le
vif du sujet
C'est
bien joli tout ça, mais quid de la gestion des personnages et du système
de combat ? Grandia III allie de fort belle manière des éléments
classiques du genre à quelques audaces innovantes, le tout enrobé
sur le champ de bataille d'un aspect visuel magnifique et d'une action pêchue.
Commençons par détailler les caractéristiques des personnages.
Comme tout héros de RPG qui se respecte chaque perso se voit doté
de jauges de Points de Santé, de Magie et une plus mystérieuse
de Skill. D'autres critères basiques viennent définir chaque intervenant
: Attaque, Défense, Initiative, Mouvement, etc. Tout cela déterminera
la puissance de feu, la rapidité ou encore la protection innée
des persos, complété par l'équipement composé de
six emplacements (arme, armure, chaussures et un accessoire, plus le Skill Book
et le Mana Egg, nous y reviendrons).
Lors des déplacements en zone hostile (hors des villes et campements)
on peut visualiser les ennemis dans les décors, empêchant ainsi
les combats aléatoires souvent pénibles. Les auteurs nous donnent
même la possibilité d'utiliser une arme pour étourdir ces
adversaires errants. On peut les affaiblir avant le combat ou simplement les
éviter ! Voila une nouvelle qu'elle est bonne ;-) Un fois l'affrontement
enclenché on bascule en mode "fight" par un traditionnel écran
de chargement.
G3 opte pour le système "tour par tour", mais grandement dynamisé.
Vos persos et leurs opposants prennent place physiquement sur le champ de bataille
et leurs icônes se positionnent dans une file d'attente symbolisée
par un cercle (le IP Gauge). Chacun reste immobile tant que la progression sur
le cercle n'atteint pas le point de "commande" (COM), là où
le choix d'une action s'effectue. Une fois la sélection effectuée
reste encore à attendre d'arriver au point "d'action" (ACT),
c'est à ce moment seulement que le combattant agira. Rien de bien révolutionnaire
me direz-vous ? Tout le sel des combats vient en fait de la possibilité
de contrecarrer les attaques ennemies entre le COM et l'ACT. Plusieurs options
s'offrent à vous : une attaque basique (combo) ou une critique permettant
d'annuler l'action en cours de la cible, un "special move" dévastateur,
lancer un sort magique, utiliser un objet ou se mettre en défense. Il
faut bien regarder le positionnement des unités en présence et
évaluer le temps que chacun mettra à agir. Le délai d'exécution
peut aussi vous être fatal suivant votre position par rapport à
votre cible, s'il vous faut traverser tout le terrain pour frapper un ennemi
il y a de grandes chances que vous soyez interrompu en route par un malandrin
qui traînait par là.
La jauge de Skill Points (SP) se remplie à chaque action basique. Vos
héros gagnent des attaques spéciales au fur et à mesure
des combats, et plus vous utiliserez ces dernières plus leur vitesse
d'exécution sera augmentée. Ces "Special Moves" coûtent
des SP mais sont les éléments les plus stratégiques lors
des combats contre les Boss puisque bien souvent ils permettront, grâce
à leur exécution immédiate, d'annuler une attaque qui vous
serait autrement fatale. L'autre intérêt de réaliser des
"Critical" ou des "Special Moves" vient des enchaînements
entre persos, lorsque l'ennemi décolle sous l'effet d'un coup puissant
vous pouvez faire des "chains" avec vos combattants disponibles et
ainsi multiplier les dégâts. Cela donne aussi l'occasion d'admirer
les superbes séquences d'attaque, génialement scénarisées,
avec le nom du coup envahissant l'écran et des messages du style "Aerial
Finish !" ou "Excellent !". Evidemment les ennemis font de même
;-) Si on ajoute à cela que certains "Special" et Sorts ont
une aire d'effet (ligne droite, sphère, ou carrément toute la
zone) on comprend que les combats sont aussi amusants et spectaculaires que
stratégiques.
Un
Oeuf et un bouquin dans la poche.
Outre
l'équipement vous avez la possibilité de trouver dans les coffres
(ou d'acheter dans les boutiques) vos sorts magiques. Rien de bien original
concernant la magie puisqu'on retrouve les sorts offensifs classés selon
les sempiternels quatre éléments naturels (Eau, Feu, Terre, Air),
les modifications de status (poison, paralysie, etc) et les sorts de soin et
de protection. Cependant des objets spéciaux, les "Mana Eggs",
peuvent être équipés et augmenter l'efficacité de
votre magie. Limité à un par héros, ces Oeufs de Mana peuvent
aussi servir à découvrir de nouveaux sorts. En effet grâce
à l'option "Extract" présente dans les boutiques on
peut se débarrasser de ses Eggs en trop, un peu plus tard dans l'aventure
on pourra même fusionner deux Oeufs pour des magies toujours plus délirantes.
Coté compétences on doit aussi les acheter dans les échoppes,
à l'instar des sorts. On retrouve des classiques du genre comme "Counter"
donnant une chance de contre-attaque, "Quick" qui accélère
l'utilisation d'objets, ou une multitude de skills augmentant les dégâts
sur un type d'ennemi particulier. Des "Skill Books" peuvent être
attribués, comme pour les "Mana Eggs" ils sont limités
à un par perso. Ces livres augmentent l'efficacité des compétences,
elles aussi classées par type comme les sorts. La même possibilité
d'extraire des skills par l'option "Extract" dans les magasins offre
de nouvelles compétences.
A noter que chaque personnage dispose d'un niveau dans les trois capacités
principales qui sont la Magie, les Compétences et les attaques Spéciales,
niveau qui augmente selon la fréquence d'utilisation. Après une
dizaine d'heures de jeu chaque perso va ainsi se spécialiser et pourra
s'équiper des Sorts et Compétences de haut niveau. La quête
principale de l'aventure vous amène à collecter les orbes mythiques
des Dragons, artefacts qui seront utilisables en combat avec des effets proprement
dantesques (ne vous attendez pas cependant aux invocations style Final Fantasy).
Les auteurs utilisent intelligemment le thème du voyage. Après
la mise en place du scénario (pas de surprises sur ce plan : trahison,
amour, gloire et beauté), on peut piloter un de ses fameux engins volants.
C'est une nouvelle claque graphique puisqu'on survole une superbe carte, très
détaillée, pour se diriger vers sa prochaine destination ou revisiter
des lieux connus. Malheureusement pour le moment (15 heures de jeu) aucune surprise
ne vient égayer l'amateur d'exploration, pas de missions optionnelles,
on est clairement pas dans la folie d'un Dragon Quest VIII (mais peut-être
cela viendra-t-il sur le second DVD ?).
Le
premier d'une longue série...
Après
un gentil "Wild ARMs 4" et un "Tales of Legendia" bien bourrin
en début d'année 2006, Grandia III annonce en ce mois de février
le véritable départ d'une série qu'on espère longue
: celle des RPG excellents sur PS2 ! Je l'ai dit les différents aspects
techniques du jeu sont parfaitement maîtrisés : système
de combat vraiment prenant, graphismes 3D chatoyants, belles cinématiques
(en synthèse ou avec le moteur 3D du jeu). Seules la linéarité
du scénario et quelques personnalités un peu clichées viennent
mettre un bémol à ce tableau idyllique. Notre héros Yuki
est le prototype du gars sympa qu'on croise partout dans les RPG japonais, toujours
prêt à donner sa chemise à un SDF ;-) On est aussi bien
servi coté gente féminine, avec dans le rôle de la fillette
innocente dotée de pouvoirs incommensurables la mignonnette Alfina, et
dans celui de la femme fatale la redoutable Dahna, alias "Miss Poumonée
2006".
Signe des temps les auteurs ont inclus quelques aides pour les néophytes
en matière de RPG. Cela devient une habitude depuis quelques mois, sans
doute pour conquérir le grand public. Lors de l'exploration des environnements
un radar indique les issues de sortie et vous disposez d'un genre de scanner
qui dévoile la position de tous les éléments utilisables
(coffres, obstacles destructibles, zones franchissables par saut). En combat
vous pouvez activer les "conseils stratégiques", le jeu vous
indiquera alors la meilleure action possible suivant la configuration du combat
en cours. Heureusement pour les vieux de la vieille ce réglage peut être
modifié, augmentant ainsi la difficulté en forçant le joueur
à bien suivre les mouvements et action en préparation chez l'adversaire.
Dernière aide et non des moindres, les points de sauvegarde sont nombreux
et offrent la plupart du temps la possibilité d'un soin total et gratos
(points de santé et magie restaurés).
Fort heureusement le jeu reste bien rythmé, alternant scènes explicatives
suffisamment courtes pour ne pas endormir le joueur et séquences d'exploration.
La durée de vie ne semble pas extraordinaire, à titre d'exemple
je commence le second DVD après seulement 15h30 de jeu effectif. Pour
le moment le seul mini-jeu que j'ai croisé est un ersatz de Casino dans
lequel on peut jouer à un croisement de jeu de cartes et de dès,
pas vraiment passionnant je l'avoue. Grandia III propose un solide système
de combat et un univers enchanteur, c'est la base de tout bon jeu de rôle
et cela le place bien sûr en tête de la production RPG 2006, pour
le moment...

Jeu
fini:
La seconde partie de l'aventure, à partir du 2e DVD, n'offre pratiquement
qu'une suite d'exploration de donjons. C'est donc la déception coté
scénario, puisque les auteurs se perdent dans un classicisme et une sensiblerie
bien terne (comme 99% des productions nippones en vérité). Contrairement
à Dragon Quest VIII qui faisait oublier son histoire basique par un design
de folie et un univers immense et vivant, içi quasiment aucune quête
annexe ne vient donner envie d'explorer le monde, pourtant reproduit avec un
souci du détail rarement vu sur PS2. Pourquoi les auteurs se sont-ils
fait autant chier à créer une carte du monde aussi complète
si on ne peut explorer que les endroits déjà visités, sans
surprises ?! On reste sur notre faim, ce n'est pas l'unique jeu de hasard proposé
et les mini-missions d'enquêtes malheureusement baclées qui occuperont
le joueur.
Mais Grandia III est tout de même sauvé par son extraordinaire
système de combat, obligeant le joueur à privilégier l'astuce
et la technique contre le bourrinage et le levellage intensif. Il faudra trouver
soi-même les bonnes fusions de magie et les extractions de Skills adéquates,
et surtout les déclencher aux moments adéquates pour vaincre les
boss, qui pour le coup offre un challenge vraiment élevé. Fini
en 40 heures, ce Grandia me laisse perplexe, ses combats sont intenses et superbement
réalisés, son monde est magnifique, mais les auteurs nous laissent
à sa porte. Vivement une suite !