Un jeu pour les
professionnels.
En
cette année 2004 la production RPG sur PS2 se résume à
cette simple constatation : un immense désert avec une oasis tous les
500 Km. Pire, si on élimine les jeux n'exploitant pas pleinement le potentiel
technique de la machine (voir l'excellente série des RPG tactiques à
la réalisation digne d'une SNES sortie chez Atlus USA -Disgaea, La Pucelle
Tactics, Phantom Brave-), on se retrouve vraiment face à l'intérieur
du crâne de Van Damme : le vide intersidéral. Malheur, la vie de
l'amateur de Jeux de rôle n'est pas facile chez Sony. Rappelez-vous camarades,
le dernier RPG-Action valable nous venait des amis de Square Enix, les seuls
fournisseurs officiels de Hits dans cette catégorie, en la personne de
FFX-2. Et il date déjà de plus de 10 mois dans sa version US !
Mais on peut toujours compter sur tonton Square et mamie Enix, une nouvelle
fois ils viennent à notre secours avec dans leurs petites mains potelées
un jeu étrange venu d'ailleurs, Star Ocean : Till the End of Time.
Pour ceux qui l'ont connu sur la Play première du nom, "Star Ocean
The Second Story" reste un des RPG incontournables : un univers de S-F
heroic-fantasy original, des systèmes de jeu complexes et novateurs,
des combats très orienté Action mais sans perdre leur coté
stratégique. Du bonheur en pack de 12. Sa suite sur PS2 a connu un sort
peu enviable il y a un an et demi : la version sortie dans le commerce contenait
2 ou 3 bugs très fâcheux, un comble pour un jeu Console et surtout
Japonais (il y a dû y avoir quelques Hara-kiri de programmeurs dans les
couloirs d'Enix à l'époque). On a donc vu une seconde mouture
débouler au pays du soleil levant. Nommée "Director's Cut",
elle corrigeait les bugs sous prétexte d'ajouter quelques modes de jeux
supplémentaires. C'est sur cette version complète que se base
cet "Episode III" européen.
Fayt Leingod, un ado pubère, est en croisière galactique avec
ses parents à bord d'un énorme vaisseau spatial. Il est accompagné
par son amie Sophia, qu'il drague nonchalament en tentant de la convertir aux
jeux video (ha !). Vous le savez bien si vous êtes adepte des RPG Jap,
bientôt ce tableau idylique va être noirci par une funeste rencontre.
Et paf ! Voila-t'y-pas qu'une race d'Aliens belliqueux attaque le navire de
"la croisière s'amuse" et met un boxon pas possible dans les
plans romantiques de l'ami Fayt... Voila notre jeune ami obligé de se
téléporter loin de sa famille sur une planète inconnue
et hostile. Heureusement qu'il a appris à se battre grâce aux video
games !
Encore
une sortie française baclée
Qu'on
se le dise SO:TtEoT n'est pas pour les gamins : d'abord l'édition européenne
n'a de français que le manuel. Tout le reste "ingame" est en
english (menus, textes et dialogues). On retrouve au passage cette très
mauvaise habitude en matière d'adaptation sur notre pitoyable territoire
des grenouilles : le mode 50 Hrz et sa surface d'affichage réduite sur
1/3 de l'écran télé, sauf si comme moi vous avez un beau
16/9 ;-)
La mise en place de l'histoire et des personnages est très lente. Comptez
10 heures pour commencer à entrer pleinement dans l'aventure ! Avant
cela les auteurs nous ballade sur la planète Hyda IV avec deux grandes
villes et trois vastes donjons à explorer. Ce n'est qu'après ce
long apéritif que le joueur pourra goûter au plat principal : notamment
des combats nerveux avec moult skills à utiliser et un système
d'invention d'objet astucieux.
Mais c'est surtout au niveau du jeu en lui-même que la marche est haute.
Seul un petit tutorial explique les bases des affrontements, et la doc succincte
n'en dit pas beaucoup plus. Ceux que le plaisir de la découverte et du
tatonnement enchantent seront ravi, les débutants et les amateurs de
prise en main rapide qui auront squeezé les instructions éprouveront
quelques difficultés pour comprendre les batailles.
Graphiquement SO:EoT se situe dans la bonne moyenne. La 3D est inférieure
au maître Final Fantasy pour se rapprocher du style Xenosaga. Les persos
sont peu détaillés (visages Japanime, animations basiques) et
les décors manquent de couleurs mais sont plutôt vastes. Les passages
en image de synthèse, répartis sur les 2 DVD du jeu, sont eux
au niveau Square : top of the moumoute. Tous les dialogues principaux sont parlés,
les doublages US étant assez bon en général si ce n'est
les habituels problèmes de traduction (ou comment faire entrer 3 km de
phrases japonaises en 3 mots d'anglais ;-) et certaines voix irritantes (pourquoi
les héroïnes japonaises ont-elles toujours 14 ans avec des voix
d'enfants de 6 ans ?!).
Une carte avec un "brouillard de guerre" et un pourcentage de surface
découverte est présente dans tous les lieux, permettant au maniaque
de l'exploration de contrôler qu'il n'oublie rien. De toute façon
l'objet indispensable pour accéder aux endroits cachés ne vous
sera remis que tardivement dans l'aventure, une bonne occasion de forcer le
joueur à recommencer une partie en mode "Hard". Trève
de blabla, voyons maintenant le coeur du jeu, ce qui représente les trois
quarts du gameplay et qui motive généralement l'amateur éclairé
de RPG : le système de combat.
Get
ready... Fight !
Ca
fuse, ca pulse, ca bastonne ! Les combats dans le nouveau Star Ocean gardent
le même "vrai" temps réel (real real time comme dirait
l'autre) que dans l'épisode précédent. Le moteur du jeu
laisse apparaître les ennemis dans le décor, et libre au joueur
de choisir de les affronter ou non (sauf bien sûr les Boss, là
c'est fritage obligatoire). Une fois face aux ennemis, tout se déroule
en direct : on déplace son perso principal, on s'approche d'un adversaire,
on frappe. Les 2 autres persos du groupe sont dirigés par l'ordinateur,
selon des indications données par le joueur (attaque physique, magie,
etc). Evidemment ce concept limite "Tekken 12" est étoffé
par de multiples possibilités, on est dans un RPG pas dans un jeu de
baston ! Deux types de coups sont dispo (mineurs ou majeurs) et la position
par rapport à la cible est gérée (proche ou éloigné).
Une jauge d'action nommée "Fury" est la base de la gestion
du temps réel : restez immobile et elle se charge pour atteindre 100%.
Dans cet état votre personnage bloque automatiquement les attaques mineures
(ce qui entraîne des états spéciaux chez l'ennemi -stun,
etc-). Mais attention, dès que vous êtes en mouvement ou que vous
activez un coup ou une autre action (utiliser un objet, lancer un sort, etc),
votre niveau de "Fury" diminue. Si vous passez votre temps à
courir et à taper comme un malade, vous descendrez bien vite à
0%, limite dans laquelle votre perso ne peut même plus bouger. Le secret
des combats de SO:TtEoT passe donc par une totale maîtrise du pourcentage
de cette barre.
Ensuite de multiples compétences de combat vont être gagnés
au fur à mesure que chaque perso monte en niveau. Vous pourrez attribuer
2 coups spéciaux pour les attaques à courte distance (un appui
bref sur un bouton du pad ou un appui long). De même pour les coups longue
portée. Chaque compétence utilisée dépense bien
sûr de l'énergie "Fury". Si vous parvenez à réaliser
des "Combos" en coordonnant vos actions avec vos potes, vous obtenez
en plus des "Battle Bonus", c'est-à-dire des modifications
actives sur tous les combats suivants (XP multiplié par 3, Plus d'objets
rares en récompense, etc). Attention toutefois puisque si un monstre
parvient à "casser" votre garde par un coup majeur ou que vous
fuyez un combat, le(s) Battle Bonus actif(s) disparaissent.
Autre point sympathique apportant un peu de piment aux centaines de batailles
que vous allez livrer, les "Battle Trophies". Il s'agit içi
de remplir une condition particulière en combat pour obtenir un trophée
qui sera sauvegardé sur carte mémoire (fichier qu'il vous faut
créer lors du tutorial de combat et qui fait 1200 Ko, si vous ratez l'occasion
vous n'aurez plus la possibilité de toute l'aventure !). Vous finissez
un combat en moins de 10 secondes ? hop, un trophée ! Sans avoir été
touché ? un autre bibelot ! Vous réussissez à faire 333
pts de dégats en un coup ? vas-y René, fais péter les cahouettes
! Il existe 300 conditions qui donne ces bonus et qui vous serviront à
obtenir de nouveaux costumes (couleurs) pour vos persos. Cool hmm ?
La bavure faite par Tri Ace sur le système de combat est d'avoir implémenté
la mort des persos non seulement à zéro Pts de Vie (HP), ça
c'est normal, mais aussi à zéro Pts de Magie (MP). On a donc des
super-warriors avec ouat milles HP qui mordent la poussière face à
une pauvre chauve-souris croqueuse de MP, frustrant non ? Heureusement cette
technique fonctionne également contre les ennemis, on peut même
dire qu'elle est une bonne stratégie contre certains caïds. Un système
de Skill Points par niveau permet en outre d'augmenter les attributs un peu
faiblard de chaque perso. Si le rythme du combat s'emballe et que l'écran
devient trop confus, on a la possibilité de faire une pause en ouvrant
le menu de choix d'actions : Magie (pompeusement nommé Symbology), Objets,
Fuite, etc.
Le
gâteau sous la cerise
L'interface
et les menus sont toujours très clean dans les jeux Tri Ace. Till the
End of Time ne faillit pas à la régle. On a même droit à
un dictionnaire "ingame" hyper détaillé sur l'univers
du jeu avec des centaines d'entrées (on aurait aimer au passage la même
précision sur les système de jeu ;-). Les compétences en
artisanat des personnages sont beaucoup moins complexes qu'avant (dans Second
Story c'était proprement démentiel et même assommant). Mais
il y a quand même de quoi faire avec le "Compact Communicator"
reçu de la Craftsmen's Guild (une option qui n'apparait d'ailleurs qu'après
une dizaine d'heures de jeu). En avant pour les passionnantes créations
et manipulations d'objets dans les Workshop. On pourra alors passer son temps
à récolter des ingrédients pour créer des plats
exotiques exquis ou encore déposer des brevets sur des armes et des armures
révolutionnaires afin d'amasser du fric et d'améliorer son classement
dans la course à l'Inventeur Suprême (NTM).
L'équipement reste très simple à gérer : une arme,
une armure, deux accessoires, bonsoir. Pas de quoi impressionner l'amateur de
Jeux de Rôle Online sur PC, huhuhu ridicule. Certains accessoires permettent
cependant de résister aux modifications de status en combat (poison,
stun, freeze...). Très utile surtout lorsque les collègues contrôlés
par la console font un peu n'importe quoi.
Star Ocean: Till the end of Time tient son pari. C'est en vérité
l'unique RPG d'un niveau technique acceptable sur PS2 avec une profondeur de
jeu suffisante pour intéresser tous les fans du genre. Donc on a pas
le choix ;-) Même si les auteurs ne proposent pas grand chose d'innovant
sur le plan scénaristique, il faudra s'en contenter et prendre son mal
en patience en attendant encore une fois l'année prochaine (oui je sais,
je l'ai déjà dit l'année dernière). Mais la liste
des RPG prévus pour 2005 est réellement alléchante, et
rappelons que ce sera probablement le chant du cygne pour la génération
PS2/GameCube/XBox. Imaginez-vous entrain de jouer à Final Fantasy XII,
Dragon Quest VIII, l'épisode II de Xenosaga et Suikoden IV... Ca vous
file pas une demie molle ça hein ?! Désolé pour les demoiselles,
je suis sûr que vous pouvez penser à une expression équivalente
pour la gente féminine ;-)
Pour l'heure frères et soeurs, jouons à Star Ocean et taisons-nous.
Plus de 60 heures de gameplay intensif vous attendent. Boudiou !

Jeu fini:
Ah quelle histoire ! Après un démarrage intéressant les
auteurs nous gratifient d'un coup de théâtre gentillet, le coup
du "jeu dans le jeu", on connaît merci ;-) Malgré tout
ce Star Ocean 3 propose suffisament de challenges pour occuper près de
60 heures, voire beaucoup plus si on se passionne pour tous les mini-jeux offerts
ainsi que l'artisanat très complet. Il faudra bien de la patience pour
découvrir les secrets du jeu, j'ai par exemple découvert tout
à fait par hasard une sorte de jeu de combat façon "Tekken"
en donnant un objet rare à une personne précise dans le jeu !
De même ce n'est qu'après une bonne quarantaine d'heures de jeu
que l'on découvre la cité des jeux contenant entre autre une sorte
de jeu d'échec (simplifié of course) et des combats d'arènes
avec classement ! Et je ne vous parle pas des Donjons optionnels et du mode
de jeu "super-hard" (Universe) qui apparaît une fois le jeu
terminé. Bref SO3 nous en donne pour notre argent, malgré son
aspect graphique pauvre, son histoire simplette et ses persos manquant singulièrement
de charisme. Il est sauvé par ses combats pêchus et l'immensité
de son univers.